19/03/2012
//
It's SPRING !
Tout à coup, le printemps est arrivé : dans la rue Saint Antoine il y a des lueurs de vert et de rose dans chaque bosquet.
Mais les jardins familiaux sont en train d'être démantelés. C'est triste de voir le fruit de toutes ces années de soins individuels et collectifs disparaître. Espérons que l'école qui va prendre place sur cette bonne terre aura son coin potager. Les cabanes aux tons délavés tiennent encore debout, mais un peu de travers, sentinelles silencieuses de cette évolution forcée. Le métal part d'abord, pour être reutilisé ailleurs. Le caoutchouc des bottes, des gants, et des bidons abandonnés se retrouvera à la décharge. Les choux se replongeront dans la terre devant les dents des tractopelles qui vont sûrement suivre.
Monsieur Esnard Barbin est seul à jardiner aujourd'hui, de l'autre côté des grillages, là où les légumes peuvent pousser pour encore un certain temps...
"Les autres attendent encore le beau temps ! Mais je suis heureux comme un poisson ! Il vaut mieux être seul que mal accompagné ! Alors aujourd'hui ça n'a l'air de rien, mais il y a de tout ici. Il y a des tomates, des haricots, des choux, c'est un plaisir ! Ah oui ça change ici ! Ce serait intéressant de parler avec les anciens, comme ma belle-mère qui a connu le quartier depuis des années et des années."
Évidemment pour moi ce serait avec plaisir !
13/03/2012
//
A QUOI SERT UNE FRICHE ?
… car si elle ne sert pas à quelque chose, ne faudrait-il pas plutôt la nettoyer, ou bien la vendre aux constructeurs ?
Dans l'écosystème local, ou bien régional, quel rôle joue cet enchevêtrement de lianes et de ronces, d'arbres à papillons et de bouleaux pionniers, dans ce petit sous-bois vraisemblablement laissé tel quel depuis plus de quarante ans?
On peut s'y perdre, on peut y tourner en rond, on y voit tracés les sentiers des renards, on aperçoit des crottes de souris sur les pierres fêlées des murs… un puits, depuis longtemps asséché, le parterre spongieux sous nos pieds. L'odeur des aisselles d'arbres suinte jusqu'à faire éclater des pustules fongiques, des étagères végétales, de minuscules champignons blancs, jaunes, bleuâtres.
Et si on s'y perdait, que pourrait-on y glaner pour manger, boire, ou bien se soigner ?
D'où viennent ces plantes "sauvages", et cette faune chassée de partout ailleurs par le béton, les pesticides, le désir d'ordre et de propreté d'une ville à jamais croissante ? Quelles sont leurs histoires ? Quels voyages ont fait les graines pour arriver ici, sur ce nowhere… ce wasteland. Quelles histoires renferment les murs au plâtre croulant, les troncs torsadés de vieux pêchés mourants, le sol tapissé de mousse et de lierre ? Et les voisins autour, enracinés, déracinés, de passage, flottants… quelles histoires et souvenirs emmènent-t-ils ? Et quelles connaissances sont en train de disparaitre…?
"Entre mal venu ou bien venu, l'important est la venue" dit Gilles Clément. Comment peut-on changer le regard sur ces friches pour qu'elles soient préservées et protégées par nous tous ?
Et surtout comment le découvrir, le connaître et le partager sans tout détruire ?